🧗♂️ Le matériel à investir pour mes premières sorties d’alpinisme en autonomie
- Quentin Jurie Des Camiers
- 13 sept.
- 5 min de lecture
Se lancer dans ses premières courses d’alpinisme estival, c’est franchir un vrai cap. Tu passes de la randonnée classique à l’univers de la haute montagne : progression sur arêtes rocheuses, passages sur glacier et ambiance aérienne. Pour vivre l’expérience en sécurité et avec plaisir, le choix du matériel est primordial. Voici une présentation simple et pratique de l’équipement à investir pour tes premières sorties en autonomie.
🥾 Le matériel individuel indispensable

Ce que tu portes sur toi, c’est la base. Chaque élément a son rôle précis :
Chaussures d’alpinisme ( les GROSSES ) : Elles constituent sans doute l’investissement le plus important. Une bonne paire, adaptée à ta pratique, change tout en termes de confort, de sécurité et de performance. On distingue deux grandes familles de chaussures :
Les chaussures rigides : très thermiques, lourdes et conçues pour les conditions extrêmes. Elles sont adaptées à l’alpinisme hivernal, aux courses très froides ou engagées, et aux sommets de haute altitude (au-delà de 4000 m). Leur rigidité maximale garantit la compatibilité avec des crampons automatiques et un excellent maintien, mais elles offrent peu de confort de marche et de précision sur rocher.
Les chaussures semi-rigides : plus légères et moins chaudes, elles sont idéales pour l’alpinisme estival. Leur souplesse relative offre une meilleure précision sur le rocher et davantage de confort lors des longues marches d’approche. Elles se couplent parfaitement avec des crampons semi-automatiques, suffisants pour des courses glaciaires faciles à modérées.
👉 Pour débuter sur des courses estivales, privilégie les semi-rigides : elles te permettront d’être plus à l’aise en grimpe rocheuse tout en restant polyvalentes pour marcher sur glacier. Les rigides ne deviendront nécessaires que si tu te diriges vers l’alpinisme hivernal ou les expéditions en très haute altitude.
Casque : un incontournable pour se protéger des chutes de pierres. Léger, ventilé et bien réglé, tu l’oublieras vite… jusqu’au moment où il te sauvera la vie.
Baudrier : Ton baudrier, tu le porteras toute la journée. Autant qu’il soit confortable, léger et ajustable, car en montagne tu passes vite d’un short à un surpantalon, et les conditions changent rapidement. Choisis de préférence un modèle avec 4 porte-matériels (et non 2), car tu risques d’avoir besoin d’accrocher mousquetons, sangles, dégaines, voire du matériel de progression glaciaire. Plus il est pratique et organisé, plus tu seras efficace dans tes manips.
Longe et mousquetons : La longe te permet de te vacher en sécurité à un relais. On peut en bricoler une avec un bout de corde dynamique ou utiliser une sangle cousue, mais l’idéal reste une longe réglable : elle te permet d’ajuster facilement ta position selon la configuration du relais. Ajoute au moins 2 à 3 mousquetons à vis, dont un grand type HMS pour ton système d’assurage. Ce sont des “basiques” à toujours avoir au baudrier.
Système d’assurage : un descendeur polyvalent type Reverso. Il te permettra d’assurer ton partenaire et de descendre en rappel.
Anneau de cordelette : C’est un petit accessoire simple mais indispensable en alpinisme. Il s’agit d’une cordelette fermée en anneau (souvent en 5 ou 6 mm de diamètre, d’environ 1,20 m de long avant d’être nouée). Elle sert principalement à réaliser un nœud autobloquant, le plus connu étant le machard.
Crampons et piolet droit : indispensables pour franchir un glacier ou un névé raide. Les crampons doivent être adaptés à tes chaussures (semi-auto si elles ont uniquement un débord arrière). Le piolet droit d’environ 60-70 cm sert d’appui et permet d’arrêter une glissade.
Vêtements techniques : adopte le système trois couches : t-shirt long et respirant, polaire et/ou doudoune, et veste imperméable/coupe-vent. Ajoute des gants (même fins), un bonnet qui passe sous le casque, et des lunettes de soleil catégorie 4 pour te protéger de la réverbération sur la neige.
Kit sécu glacier : sur terrain glaciaire, il faut pouvoir réagir à une chute en crevasse. Par cordée, prévois 2 broches à glace, une poulie, une poulie bloqueur (type micro-traction), et un autobloqueur mécanique (type tibloc). Ce kit te permettra de mettre en place un mouflage. Bien sûr, il ne suffit pas de l’avoir : entraîne-toi à t’en servir.

Kit sécu glacier
🤝 Le matériel d'alpinisme partagé
En cordée, une partie de l’équipement est collective et se répartit entre les sacs :
Corde à simple : une corde de 30 (pour de la randonnée glaciaire) à 50 m (pour de la course d'arête), diamètre entre 8,9 et 10 mm, est le standard pour débuter. Elle sert à progresser encordé, tirer un rappel court ou assurer ton partenaire sur un passage délicat. La corde à simple est robuste et polyvalente pour ce type de courses. Mais elle ne sera pas suffisante si tu envisages une grande voie en montagne.
Protections et ancrages : selon l’itinéraire, prends quelques sangles ( 1x60cm, 3x120cm et 1x180cm) pour entourer des becquets, 3-4 dégaines légères et quelques mousquetons supplémentaires. Si tu prévois un terrain plus rocheux, un petit jeu de coinceurs ou de cablés peut être utile, mais ce n’est pas obligatoire pour les courses les plus accessibles. Renseigne-toi bien sur ta course à l’aide du topo afin de connaître l’équipement nécessaire et spécifique à ta course.

Course sur l'arête des cosmiques
🎒 Le sac pour la journée
Ton sac doit être compact et fonctionnel. Un modèle de 30 à 40 L est idéal, muni de portes piolets, et de quoi accroché ta corde.
Dedans, emporte :
Hydratation & nutrition : 1,5 à 2 L d’eau, et quelques barres, fruits secs, ou n'importe quoi de simple à manger.
Vêtements de rechange : une petite doudoune ou une polaire supplémentaire et une veste imperméable. (ton fameux système 3 couches)
Sécurité : une frontale (avec piles de rechange), une petite trousse de secours, une couverture de survie et un couteau.
Orientation : carte/topo et téléphone chargé (mode avion pour économiser la batterie).
Pas besoin de plus : le but est d’être relativement léger.
💡 Trois conseils pour bien commencer
Teste ton matériel avant la sortie (crampons, nœuds, assurage).
Adapte ton équipement à l’itinéraire : ne pars pas trop chargé, mais essaye d'avoir toujours un petit peu plus que le strict minimum. ( un mousqueton supplémentaire, une sangle en plus, etc...)
Progresse progressivement : commence par des courses simples et gagne en expérience étape par étape.

Investir dans le bon matériel d'alpinisme, c’est la clé pour progresser en sécurité et profiter de tes sorties. Mais avant de remplir ton garage d’équipement coûteux, commence malin : loue ce que tu peux (crampons, piolet…) et concentre-toi d’abord sur l’essentiel (chaussures, casque, baudrier et un kit crevasse). L’idéal est de réaliser ta première course avec une personne expérimentée : elle pourra t’aider à lire l’itinéraire, évaluer les conditions et te montrer les manips de base. Tu gagneras en confiance, tu verras si l’alpinisme te passionne vraiment, et tu sauras mieux quels investissements valent le coup pour la suite.