🧊 Mes premières goulottes en autonomie : Comment bien se préparer ?
- Quentin Jurie Des Camiers
- 24 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 13 minutes
En alpinisme, une goulotte désigne un couloir étroit et encaissé sur une paroi, où l’on progresse sur un mélange de glace, neige dure et rocher. Ce type de terrain, typique du terrain mixte, est souvent coté selon l’échelle mixte (M1 à M12) qui évalue la difficulté technique, l’inclinaison, l’engagement et la qualité de la protection. On y retrouve également des cotations de glace (WI – Water Ice) ou l’échelle alpine globale (AD à ED+), selon l’itinéraire.
Si tu souhaites franchir le cap et réaliser tes premières goulottes en autonomie, voici les éléments clés à prendre en compte pour une sortie réussie et en toute sécurité.


Choisir une goulotte adaptée à ton niveau
Le choix de l’itinéraire est déterminant pour une première expérience en autonomie. Choisis une goulotte adaptée à ton niveau technique et physique, voire même en dessous, pour garder une marge de sécurité et mieux gérer les imprévus.
🔹 Critères de sélection :
Longueur et engagement : privilégie un itinéraire court, avec peu de longueurs et une descente peu complexe. Il faut limiter l’engagement dans tes premières sorties en autonomie. Pour débuter une longueur de goulotte convenable est de 200m environ.
Difficulté : choisis une goulotte cotée F (Facile) à D (Difficile) selon ton niveau. Au-delà, je te le déconseille vivement, même si tu as déjà fait plus difficile en second ou avec un guide.
Accessibilité : une approche courte et un retour évident facilitent la gestion de la sortie.
Le secteur de Chamrousse, dans le massif de Belledonne, est un excellent choix pour débuter, avec des itinéraires bien renseignés et facilement accessibles. Les goulottes de ce secteur sont particulièrement adaptées aux premières expériences en autonomie, car elles se développent souvent entre les sapins, permettant ainsi de protéger, d’assurer et de tirer des rappels facilement. Les sapins limitent aussi les risques de chutes de pierres ou d’avalanches.
La préparation : une étape essentielle pour votre goulotte en autonomie
Une sortie en goulotte ne s’improvise pas. Une préparation rigoureuse en amont garantit une meilleure fluidité sur le terrain et limite les risques.
1. Étudier les conditions et la météo
Consulte les bulletins nivologiques et météo avant de partir, pour éviter les mauvaises surprises :
✔ Conditions de neige et risque d’avalanches (les approches se font souvent en ski de rando, cette section et la gestion des risques qu’elle inclut sont à prévoir dans l’itinéraire).
✔ Températures et état de la glace.
✔ Risques liés au vent et aux chutes de pierres.
En goulotte, renseigne-toi en amont sur l’état actuel des voies. La quantité et la qualité du plaquage de glace sont des éléments clés pour assurer ta sécurité et progresser dans les meilleures conditions. Pour cela, consulte les comptes rendus de sorties récents sur les forums spécialisés et n’hésite pas à demander des informations aux locaux. Tu peux te rendre par exemple sur CamptoCamp.
2. Préparer le matériel
Prépare un équipement adapté à la progression en terrain mixte:

🧊 Matériel technique : crampons, piolets techniques, broches à glace, crochet abalakov, dégaines et protections pour le rocher (friends, coinceurs).
🧗♂️ Matériel de sécurité : casque, baudrier, corde à double et kit DVA/Pelle/Sonde et de secours (mousquetons, sangles, couteau).
🌡️ Vêtements adaptés : adopte le système trois couches pour lutter contre le froid et l’humidité.
Prévoir au moins deux paires de gants est un excellent réflexe. La goulotte se rapproche de la cascade de glace en termes de pratique, Prévois une paire de gants chaude pour les relais afin de ne pas te refroidir lorsque tu assures. Car oui, tu seras en grande partie à l’ombre et exposé au froid. Tu peux faire de même avec les couches de vêtement et t'habiller plus chaudement aux relais. Pour bien t'habiller tu peux consulter l'article sur comment gérer le froid en haute montagne.
3. Planifier la progression et les relais
Connaître l'emplacement des relais en place ou à construire te permettra de gagner en efficacité et en sécurité. Repère les ancrages possibles sur le topo et définis une stratégie de cordée adaptée à l’itinéraire.
Techniques de progression en goulotte
L’évolution en goulotte combine des techniques de glace, de neige et parfois d’escalade rocheuse. Quelques principes fondamentaux à maîtriser :
📌 Gestion des appuis : ancrages précis avec les piolets et crampons bien posés, les bras le plus détendus possible (comme en escalade) pour limiter la fatigue.
📌 Sécurisation des relais : utiliser des broches à glace, coinceurs, becquets rocheux solides ou des arbres lorsque cela est possible.
📌 Communication en cordée : établir des codes clairs pour annoncer les relais et la progression, sachant que le vent peut rendre toute communication orale impossible.

Descente et gestion du risque
Une fois l’ascension terminée, aborde la descente avec prudence. Deux solutions sont généralement possibles :
🔹 Par une arête ou un couloir enneigé (souvent la voie normale) : nécessitant parfois des désescalades. Attention au risque d'avalanche !
🔹 Par rappels sur relais équipés : à anticiper en vérifiant la solidité des ancrages.
En goulotte, emporte toujours de la cordelette pour renforcer un relais si nécessaire, ainsi que de prévoir de quoi réaliser des abalakovs pour une descente en rappel sécurisée.
Une bonne gestion du timing permet d’éviter de se retrouver en difficulté à la tombée de la nuit ou dans des conditions qui évoluent défavorablement. La goulotte ne se pratique que par temps froid, ce qui implique des journées relativement courtes. Bien que cela reste une forme de grande voie, la réflexion à adopter est différente de l’escalade estivale. Prévois une marge confortable sur la difficulté, le timing et l’engagement.
Conclusion
Réaliser tes premières goulottes en autonomie est une étape clé dans ta progression en alpinisme. En choisissant un itinéraire adapté, en préparant soigneusement ta sortie et en appliquant les bonnes techniques, tu pourras vivre une expérience enrichissante et sécurisée.
L’apprentissage de l’alpinisme hivernal repose avant tout sur la progressivité et la gestion du risque, deux notions essentielles pour évoluer sereinement en montagne.
Si tu souhaites approfondir tes connaissances avant de partir en autonomie, les formations de l’École de la Montagne en alpinisme ou ski de rando sont un excellent moyen d’acquérir les compétences nécessaires et de progresser encadré par des experts. 🏔️😊