Tu veux te lancer dans tes premières sorties en ski de randonnée en autonomie ?
Alors voilà un petit guide pratique pour te donner quelques astuces pour bien préparer ta sortie. Le ski de randonnée, c’est le rêve de faire ta propre trace dans des paysages vierges et de dévaler de belles pentes. Mais avant d'explorer les montagnes de manière plus sauvage, il est important de bien préparer ta sortie pour qu’elle se passe au mieux, en toute sécurité.
Tu as déjà fait quelques journées de stage vers l’autonomie en ski de randonnée ? Tu sais faire une recherche DVA et interpréter le BERA ? Tu veux te lancer dans tes premières sorties en autonomie ? Alors voilà un petit guide pratique pour te donner quelques astuces pour bien préparer ta sortie.
Avant de sortir, bien préparer sa sortie de ski de randonnée en autonomie
La réussite de ta sortie se joue dès sa préparation, alors sois prêt à passer un peu de temps à réfléchir avant de pouvoir profiter du plaisir de la glisse !
Le choix des partenaires de cordée
Si tu veux vraiment aller vers du ski de randonnée en autonomie, ne te laisse pas juste porter par le flow : sois curieux, pose des questions, donne ton avis.
Partir avec les bonnes personnes est essentiel. Bien sûr, tu as envie de partager ces moments avec des personnes avec qui tu te sens en sécurité et que tu apprécies. Dans ton groupe, tu auras peut-être la chance d’être accompagné par des personnes plus expérimentées et de profiter de leurs connaissances. Si tu veux vraiment aller vers l’autonomie, ne te laisse pas juste porter par le flow : sois curieux, pose des questions, donne ton avis. Si tu pars avec des gens du même niveau ou moins expérimentés que toi, tu vas découvrir la joie de gérer une sortie de A à Z et de prendre le rôle de leader.
Dans tous les cas, avant de partir, il est important de bien cerner les objectifs du groupe et les motivations de chacun. Exprime-les clairement et ne fais pas de suppositions.
Le choix de l’itinéraire
Choisir le bon itinéraire est la première étape d’une sortie réussie. Si tu débutes en ski de randonnée, commence par des sorties simples, avec peu de dénivelé positif (entre 400 et 600m). Les itinéraires de ski ont également des cotations, les plus importantes à regarder sont la cotation technique de descente à ski qui est une cotation globale (3.1 / 4.1 …) et la cotation d’exposition qui prend en compte les conséquences d’une chute (E2 / E3).
Au début, privilégie des itinéraires balisés en station de ski. Cela te permettra de tester ton matériel et de prendre de bonnes habitudes dans un environnement moins stressant. Petit bonus : si la neige n’est pas idéale, tu pourras toujours descendre sur des pistes damées. Plus tard, tu pourras envisager des sorties en terrain vierge, sur des itinéraires aux cotations faciles, peu exposés et loin des pentes avalancheuses.
Comment trouver des itinéraires ? Achète des topos des régions où tu as envie de skier, prend l’habitude de consulter des cartes IGN, sois curieux. Il est important de faire ces démarches pour apprendre à lire et interpréter un topo. Ensuite, tu peux toujours aller vérifier ton itinéraire sur Internet, Camp to Camp ou Skitour sont de bons outils. Mais ne tombe pas dans le piège de te jeter sur la dernière rando publiée sur Skitour sans réfléchir. Ce sera le meilleur moyen d’être à la file indienne dans les pentes.
La petite astuce: tu peux te servir des informations récoltées dans ces réseaux pour imaginer les conditions dans des itinéraires aux caractéristiques similaires (même exposition de pente, altitudes similaires, météo identique…)
Des applications de cartographie existent comme Iphigénie, AlpineQuest.
Whympr est l’outil le plus complet qui te permettra aussi de consulter des cartes en 3D et propose même des itinéraires déjà tracés.
Sur ces outils tu peux identifier les inclinaisons des pentes avec un calque spécifique, la carte se colore de jaune à rouge. Cela te permettra de cibler les pentes supérieures à 30°. C'est l’inclinaison à partir de laquelle les avalanches peuvent se déclencher facilement. Attention si tu es sur une pente inférieure à 30° cela ne veut pas dire que tu es en sécurité. Il faudra bien regarder les pentes au-dessus de ton itinéraire. Est-ce que tu es exposée à des fortes pentes où une avalanche pourrait impacter ta trajectoire ?
Dans tous les cas, identifie bien les passages de vigilance où il faudra mettre de la distance entre les membres du groupe.
Lecture et interprétation du BERA et conditions météo
Regarde bien la météo du jour J, mais aussi celle des jours précédents : précipitations, vent, température, ISO... C’est une bonne habitude à prendre pour comprendre l’évolution des conditions de neige. Parce qu’évidemment, c’est toujours mieux de skier sur de la bonne neige plutôt que sur de la neige glacée ou croûtée ! Il est indispensable de lire et d’interpréter le Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche (BERA), tu pourras le retrouver sur le site de Météo France, un exemple ici le bulletin des Alpes du Nord ! Beaucoup d’informations se cachent entre les lignes, et c’est en prenant l’habitude de les comprendre que tu seras plus à l’aise avec ces données.
Préparation de la sortie (méthode 3x3, itinéraire, carto)
Dans les formations de ski de randonnée, la méthode 3x3 est très souvent présentée. Elle te permettra de bien préparer et analyser ta sortie en fonction des conditions, du terrain et du facteur humain. Le fait d’y revenir à plusieurs moments, chez toi, durant l’approche et sur le terrain pourra t’aider à la prise de décision tout au long de la sortie.
Trace ton itinéraire sur une carte, note les points de vigilance, notamment les pentes avalancheuses. Tu peux le faire sur les applications citées ci-dessus. Il est indispensable de savoir où tu vas et de te faire une représentation mentale de ton itinéraire, de connaître le dénivelé positif et la distance.
Prépare ton matériel
Au début, fais une check-list de ce que tu dois emmener. Il y a des indispensables : le DVA (avec au moins 85 % de batterie), la pelle et la sonde. Il est aussi important de prévoir une trousse de secours et d’y ajouter une couverture de survie. Bien évidement pense bien à tes peaux et tes couteaux.
Petites astuces :
Prends toujours 3 piles neuves, tu dépanneras très sûrement un jour un compagnon qui n’a plus de pile dans son DVA.
L’outil multi-fonctions en fond de sac pourra te sauver quelques galères de fixations, surtout en début de saisons quand on ne sait plus trop si les fixations sont réglées ou pas.
Le fameux plan B!
Celui qui te sauve ta sortie au cas où le plan A capote ! Tu peux repérer d'autres randos possibles au départ du même parking ou des bifurcations possibles pendant l’itinéraire. Comme ça, si pour une raison ou une autre le plan A n’est pas possible (risque avalanche, trop ambitieux, pentes trop raides, mauvaise neige…), tu auras déjà pensé à une solution de repli.
Pendant la sortie
Météo intérieure du groupe
Avant de partir, fais un petit tour de table de tous les membres du groupe. Quel est l’état de forme et la motivation de chacun pour la sortie ? Quels sont les inquiétudes ou les doutes ? Des petites douleurs à déclarer ? Bref, tu l’auras compris, l'idée est de savoir comment vont les membres de la cordée ! Cela peut être fait dans la voiture ou au parking avant de faire le fameux check DVA.
Double check DVA
Tu l’as forcément vu dans ta formation ski de rando ou de nivologie : le double check DVA. Et bien, ce n’était pas pour faire joli ça non plus. Il est indispensable de le faire à chaque sortie, et surtout ne te laisse pas influencer par la personne qui te dira “non, mais c’est bon, tout le monde l’a bien allumé”, surtout si cette personne est la plus expérimentée !
Petite astuce ici : une fois le double check effectué, on ne touche plus le DVA pendant la sortie, même si on s’arrête pour manger. Et si un petit malin s’amuse à l’éteindre, on refait le check, ceci n’est pas une option.
Observations terrain
Tout au long de la sortie, sois attentif à l’évolution du terrain. La météo est-elle bien celle qui était annoncée ? Y a-t-il eu plus ou moins de neige que prévu ? Est-ce qu’il y a du vent ? Est-ce que le terrain correspond à ce que tu imaginais ? Il est important d’adapter constamment ton évaluation des risques et de te remettre en question si la réalité du terrain n’est pas celle imaginée.
Le rythme de progression
Va à un rythme plutôt lent au début pour bien t’échauffer et te mettre dans la sortie, c’est beaucoup mieux que de partir à fond les ballons ! Fais des pauses régulièrement, hydrate-toi bien et mange avant d’être affamé ! C’est aussi le moment de travailler ta technique ! Pendant la montée, concentre-toi sur le glisser des peaux sur la neige, plutôt que de lever les pieds à chaque pas, même à la montée le ski de rando est un sport de glisse!
Et pour les conversions, essaie de les faire impeccablement à chaque fois, même si ça semble facile, fais l’effort de les faire le plus parfaitement possible. Ces petits détails t’aideront à économiser beaucoup d’énergie et c’est la répétition du geste qui va te faire progresser.
Faire la trace à la montée
Faire la première trace à la montée, c’est tout un art ! Si tu as la chance d’être le premier et donc de faire la trace de montée tu es en charge d’un grande responsabilité: faire une trace agréable et sécuritaire. C’est parti, enlève tes cales hautes, fais des traces plus longues et plus plates. Tu verras que c'est beaucoup plus facile que de monter droit dans la pente ! Et petit bonus, tu auras des jambes plus fraîches à la descente ! Anticipe les endroits ou tu souhaites passer, évite de t’exposer à des pentes avalancheuses. Ici aussi, sois maître de tes actions, la montagne est un terrain de liberté, alors si la trace est trop raide ou ne convient pas pour des raisons de sécurité, tu as le droit de retracer où bon te semble !
La descente
Ici aussi, la technique ! Applique-toi à "bien skier". Ne cherche pas à skier à 100 % de tes capacités. Tu n’es pas sur une piste en station, sous tes skis il peut y avoir des rochers, des plaques de glace, des changements de neige, donc reste en maîtrise.
Ne pas suivre bêtement les autres
Reste maître de tes décisions. La montagne est de plus en plus fréquentée, on a vite fait de se faire influencer et de suivre les gens devant par “effet de groupe”. Tu ne sais pas qui est devant toi ni leur niveau d’expérience, donc reste fidèle à ta préparation et à ton analyse. Il n’y a rien de pire que de suivre bêtement un groupe et de se rendre compte qu’on est dans un endroit à risque !
Échanger avec les partenaires
Échange avec tes partenaires de cordée, demande-leur leur avis, et sois libre d’exprimer ta fatigue, tes doutes ou tes peurs. Ça doit rester un moment de plaisir et de partage.
Et après ?
Débriefing
Fais un petit débriefing avec le groupe pour parler de ce qui s’est bien passé et ce qui pourrait être amélioré ou fait différemment. C’est l’occasion de progresser collectivement!
Carnet de course
Il peut être intéressant de noter tes sorties dans un carnet de course : Lieu, itinéraire, dénivelé positif, météo, matériel utilisé… Cela t’aidera à suivre tes progrès et à ajuster ton matériel pour les prochaines sorties. C’est aussi de beaux souvenirs dont tu pourras facilement te rappeler.
Entretien du matériel
Le matériel coûte cher, alors prends bien soin de lui pour qu’il dure plus longtemps : sèche tes peaux (mais pas sur un radiateur), essuie bien tes skis après chaque sortie et entretiens-les régulièrement. Fais sécher les chaussons des chaussures…
Les petits plus
Faire du hors-piste en début de saison, en station, pour enchaîner les descentes et bien se préparer les jambes
S’entraîner à enchaîner des conversions dans des talus pour avoir une technique impeccable qui est aussi gage de sécurité
Faire de la prépa physique (cardio, chaise, etc.) pour ne pas se blesser
Utiliser une montre GPS ou une appli comme Strava pour suivre ton D+ et tes progrès
Utiliser des applis de cartographie comme Whympr, Iphigénie ou AlpineQuest
Garde en tête que la pratique de la montagne est une affaire d’expérience, qui se construit au fil des années. Avance étape par étape et savoure chacune d’entre elles. Parce qu’au final, ce n’est pas le sommet qui compte, mais bien le chemin pour y arriver !
Par Anaïs Pellat-Finetw